Source : Articles parus dans le journal "l’union "
![]() Photo non datée, fournie le 2 mars 2010 par le département de la Défense australienne, montre le vétéran britannique Claude Choules, à Salter Point, près de Perth, en Australie
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![]() Photo non datée de Claude Choules entouré de ses proches fournie le 2 mars 2010 par le ministère australien de la Défense
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Le Britannique Claude Choules, dernier combattant connu de la Première Guerre mondiale, est mort mercredi en Australie à l’âge de 110 ans, ultime témoin de l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire.
Claude Choules, né le 3 mars 1901, est décédé à Perth (ouest) mercredi dans la nuit, a annoncé l’armée australienne.
Il était le dernier survivant connu des quelque 70 millions de soldats mobilisés pendant la Grande Guerre.
"Sa famille a indiqué qu’il s’est éteint à minuit", a déclaré à l’AFP Gary Booth, porte-parole de l’armée australienne et proche de la famille. "Il est encore trop tôt pour donner des détails sur ses funérailles", a-t-il précisé.
L’Américain Franck Buckles était décédé en février aux Etats-Unis, à 110 ans lui aussi.
Le seul autre ancien vétéran de la Grande Guerre encore vivant est la Britannique Florence Green, qui servait dans la Royal Air Force, mais qui n’a pas combattu.
"Sa mort marque la fin d’un chapitre important dans l’histoire du monde", a déclaré le Premier ministre australien Julia Gillard.
"M. Choules était le dernier lien vivant avec ceux qui ont servi pendant la Grande guerre. Nous devons maintenant plus que jamais nous assurer que la contribution de ceux qui se sont battus pendant la Première guerre mondiale ne soit jamais oubliée", a-t-elle ajouté.
Claude "Chuckles" Choules, qui selon son fils, haïssait la guerre, avait fêté début mars ses 110 ans dans sa maison de retraite de Perth, en Australie.
"Il détestait la guerre. La guerre était pour lui juste un gagne-pain, c’était son métier", selon son fils Adrian.
On lui avait enseigné dans la marine que les Allemands étaient "des monstres, un peuple terrible", avait-il ajouté.
Mais peu après, il devait réaliser que "tous étaient exactement les mêmes, juste de jeunes gens". Né en 1901 à Wyre Piddle, dans les Midlands (centre), M. Choules avait menti sur son âge pour pouvoir s’engager à 14 ans dans la Royal Navy.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il avait combattu comme officier dans la marine australienne après avoir émigré en Australie en 1926.
Il était demeuré dans la marine après la guerre, avant de terminer sa carrière dans la pêche. M. Choules était le dernier ancien combattant survivant de la Grande Guerre dans le monde, après le décès fin février à 110 ans de Franck Buckles, dernier vétéran américain de la Première Guerre mondiale, qui avait lui aussi menti sur son âge pour pouvoir s’enrôler en 1917.
Le vétéran britannique Henry Allingham, qui était aussi doyen de l’humanité, est décédé en 2009 à 113 ans.
Le dernier soldat allemand, Erich Kästner, est décédé le 1er janvier 2008 à l’âge de 107 ans. Le dernier combattant français, Lazare Ponticelli, est mort le 12 mars 2008 à 110 ans. Delfino Borroni, dernier survivant italien, est décédé le 26 octobre 2008 à 110 ans.
M. Choules, qui ne donnait plus d’interview, aimait "encore son jus de mangue et ses chocolats mous", disait en mars sa fille, Anne Pow.
Il était le père de deux filles et un fils et a eu 13 petits-enfants, 26 arrière-petits-enfants et deux arrière-arrière-petits-enfants.
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Dernier vétéran connu de la Première Guerre mondiale, Claude Choules est décédé à l’âge de 110 ans dans sa maison de retraite en Australie.
Claude Choules était le dernier soldat de la Grande Guerre recensé de par le monde. En retrouvera-t-on un ultime ? Il disparaît près de quatre-vingt-treize ans après l’armistice. Un laps de temps vertigineux qui atteste que notre mémoire biologique du Premier Conflit mondial a désormais disparu. Ce Britannique installé de longue date en Australie a eu de longues décennies pour méditer le sens de cette guerre terrifiante qui a endeuillé et touché chaque famille française, allemande, anglaise, et combien d’autres. La France a célébré en son temps le départ du dernier de ses poilus, Lazare Ponticelli, associant à l’hommage de la nation tous ses frères de combat, tous ces jeunes disparus à la fleur de l’âge et qui croyaient à un monde meilleur.
Aujourd’hui il n’est pas trop tard avec le décès de Choules pour saluer une fois encore ces millions de garçons qui ont enduré des souffrances inimaginables et ont espéré sous l’enfer de la mitraille, dans la boue des tranchées tout en sachant qu’ils avaient partie liée avec la grande faucheuse. Dans ce prisme de douleurs combien de fois s’est-il interrogé pour savoir pourquoi il avait survécu et si longuement témoigné ? Désormais, la mémoire de l’une des plus grandes tragédies de l’humanité et illustrant un XXe siècle de l’effroi n’appartient plus à un homme mais à l’humanité. Bien sûr, les historiens ont entrepris depuis bien longtemps un travail considérable pour expliquer ce désastre. Ils n’ont pas encore tout dit et tout écrit même si l’accès aux archives et la richesse des courriers reçus sont une matière précieuse pour comprendre cette guerre effroyable. Le travail d’histoire qui nourrit le devoir de mémoire est indispensable pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus.
Hervé Chabaud